Douche froide | Ft. Cion Ueda
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Les ténèbres de l’obscurité étaient devenues ses meilleures amies, les ombres qui le suivaient sans cesse étaient les frasques de son passé qui ne le quittait plus. Le sang sur ses mains et le corps inerte de ses victimes lui revenait toujours en mémoire, le faisant sourire durant ses moments de folie. La cellule d’isolement n’était en rien une torture pour lui, il se sentait plus proche des enfers, plus proche du monde auquel il appartient … C’est dans l’ombre que le prédateur se préparer à bondir sur ses proies mais également là où il emmagasinait le plus de puissance. Cependant il était temps pour lui de remonter à la lumière pour quelques minutes, le temps d’aller faire un brin de toilette. Il était rare de le voir à la surface et quand c’était le cas son entrée était toujours remarquée.

Le son significatif du métal des verrous qui s’ouvre lui fit esquisser un sourire mauvais dans le noir de sa cellule. C’est sans ménagement qu’un des gardiens l’attrapa pour le faire sortir, révélant son visage remplis d’expression satisfaites et malsaines alors qu’on lui passait les menottes dans le dos. Haku resta immobile, ayant pris la décision de ne pas bouger, de se laisser faire sans broncher. Une fois certains qu’il ne tenterait pas d’agresser qui que ce soit, le gardien derrière lui le poussa dans le couloir pour qu’il avance, comme si tel un animal sauvage il n’y avait que la violence qu’il comprenait. A mesure qu’il gravissait les marches en direction de la surface, plusieurs escortes suivirent la marche, entourant rapidement le patient. Ils étaient bientôt quatre autour de lui alors qu’ils traversaient les couloirs sous les regards alertes des autres malades et l’effroi de certains infirmier. Il ne passait pas inaperçu à chaque sortie, c’était un fait inéluctable.

Haku n’avait en rien honte de sa situation, bien au contraire, il se laissait faire docilement sans opposé la moindre résistance, menaçant comme l’eau qui dort avant la tempête. Il se sentait fier que tout le monde le remarque ainsi, c’est ce qu’il a toujours voulus, qu’on lui apporte de l’attention. Les gardiens l’entourant ressemblaient à sa garde personnel, telle une célébrité du mal, il était sous le feu des projecteurs. Pour l’instant il se tenait sage, mieux vaut que cela dure … Finalement leur périple toucha à sa fin lorsque le patient fut pousser dans les salles de bains communes, attirant l’attention des quelques infirmiers présent. Pour les patients les plus valides, il les laissait se laver seul, mais il arrive que parfois ils aient besoin d’assistance ou de surveillance. Bien que Haku constitue une menace, ce n’est pas nu et avec un savon qu’il allait pouvoir tenter quoi que ce soit. Il lui est déjà arrivé de mordre un médecin ou de griffer mais il ne pourrait pas tuer ainsi, du moins il n’aurait pas le temps d’agir que les gardiens alentours auraient déjà agis.

Ou milieu de la salle remplis de mosaïque de céramique aux couleurs criardes, ses menottes lui furent retirer, et ses poignets enfin à l’air libre. Quelle sensation dangereuse de le laisser ainsi en liberté dans un lieu publique, quelle bonne impression pour le psychopathe de n’avoir aucune attache … Mais ce n’était pas encore le moment de tenter quoi que ce soit, il ferait tomber à l’eau toutes ses chances d’agir. L’un des gardiens lui ordonna de retirer ses vêtements, mais le brun ne bougea pas d’un iota, restant immobile à fixer le vide devant lui. Prit d’une certaine impatience, le plus costaud des quatre attrapa son pantalon pour le lui baisser et le déshabiller lui-même avec une brusquerie sans pareil. Pourtant le tueur en série ne broncha pas, se contentant d’esquisser un sourire mauvais au coin de ses lèvres. Une fois entièrement déshabillé, il fut entraîné jusqu’aux douches où de sa matraque le gardien pointa en direction des robinets.

Haku avança docilement et se mit sous l’un des jets duquel il déclencha l’eau pour la laisser couler le long de son corps. Son regard fit un rapide tour des lieux pour s’apercevoir que la plupart des patients présent avait reculé de plusieurs mètres. Il faisait peur et tout le monde le remarquait, tout ce dont il a toujours rêvé en fin de compte … Mais c’est alors qu’un nouvel arrivant vint se mettre à la place près de lui pour sa toilette. Alors qu’Haku faisait courir l’eau le long de son corps à l’aide de ses mains, ses yeux de vipères se posèrent sur cette proie si frêle, si fragile … Il ne lui faudrait qu’un seul geste pour en venir à bout de lui, une seule pression sur sa petite gorge pour lui couper le souffle à jamais … Mais non, il n’obéirait pas à ses pulsions meurtrières et l’avidité de sang, il avait une idée en tête depuis longtemps et ce pauvre agneau en serait l’outil … Observant autour pour être sûr que personne ne les regarde, il profita que les gardiens leur ais laisser un peu d’intimité pour fixer le visage de l’autre patient à côté de lui.

« L’eau n’est pas trop froide ? » Demanda presque sadiquement Haku à l’adresse du blond près de lui qui fit presque un bond en arrière en le reconnaissant. Son sourire s’élargit à cette réaction. « Et si on profitait de cette douche pour discuter un peu toi et moi ? » Mais alors que l’autre Japonais amorça un mouvement pour mettre de la distance entre eux, Haku eus un geste vif vers les robinets pour faire couler l’eau plus fort. « Je serais toi je n’essayerais pas de fuir, c’est malpolie de refuser une conversation … » Dit-il alors menaçant, semblant dissuadé l’autre de bouger plus longtemps. Il valait mieux qu’il ne le fasse pas devenir agressif, qui sait ce qui pourrait se passer par la suite …

Il est difficile de dire que Cion a une vie palpitante au Sanatorium … Les médicaments qu’il prenait avant ce n’était en comparaison avec tous ceux qu’on lui colle dans la bouche à longueur de journée … Il aurait dû se contenter de sa petite pilule à vie au lieu de jouer les rebelles … Mais maintenant le mal était fait, le voilà patient à l’asile psychiatrique depuis douze ans et les choses ne semblent pas vouloir s’améliorer … Pourtant il n’avait encore agresser personne ici à part lui-même, disons qu’il y avait pire comme patient et il ne comprenait pas qu’on lui retire définitivement sa liberté … Mais au moins ces soins lui permettait de mener une vie sans le moindre frais ni effort, se contentant de prendre les comprimés qu’on le force à prendre et de ne pas faire de vagues. C’était ça les règles ici si on voulait un tant soit peu ne pas avoir d’ennuis.

Le blond avait passé sa journée dans sa chambre encore une fois à lire de nouveaux bouquin que sa mère lui achetait et donnait au centre pour les lui apportait. Il en avait déjà des centaines de milliers tous empilé dans une commode de sa chambre, depuis le nombre d’année qu’il avait passé ici. Lire était sa passion et surtout les romans qui parlent de vampire. Celui qu’il avait commencé aujourd’hui le prenait au corps et au cœur, lui donnant sans cesse envie de savoir la suite. Les médecins ont remarqué que lorsqu’il avait l’esprit occupé, ses crises étaient moins fréquentes voir absente. Alors on avait encouragé le jeune à lire, convainquant ainsi sa mère de lui acheter toujours plus de bouquins pour qu’il n’arrive pas à épuisement. Et lorsqu’il avait fini sa collection avant la prochaine arrivé, il se remettait à en lire certains. Malheureusement son petit monde imaginaire dans lequel il vivait ne l’aidait en rien à s’évader de ses tourments et de cette vie monotone.

C’est une des infirmières qui était venu le chercher dans la soirée, alors que le ciel dehors s’assombrissait en perdant de sa clarté, annonçant l’arrivée de la nuit. Et par la même occasion le réveil des cauchemars et des monstres qui se tapissaient dans les ombres des murs et des objets … C’est dans ces environs qu’on était venu le déranger dans son roman, le coupant au meilleur moment pour lui annoncer qu’il était maintenant l’heure pour lui de faire sa toilette, de sortir un peu la tête de ses livres pour voir le monde extérieur. Car si les histoires et le monde de l’imaginaire avait l’air d’un remède certains pour Cion, cela pouvait aussi aggraver son état et le séparer de la réalité, une promenade de temps en temps ne faisait pas de mal. Mais il ne se retint pas de le dire à l’infirmière qu’il était assez frustré d’avoir été coupé durant un tel passage …

Callant le marque page soigneusement pour ne pas perdre la suite de son histoire qu’il comptait bien reprendre dès son retour à sa chambre, il suivit la jeune femme sans trop râler. Les douches était une étape intriguante et amusante pour lui. Le fait qu’ils soient plusieurs, tous nus il avait le droit d’avoir le regard fuyant sans que cela ne lui soit reprocher … Parfois il venait à s’inventer toute une fiction dans sa tête de ce qui pourrait advenir. Quand il croise certains corps appétissant ou des personnes qui l’attirent tout particulièrement, il s’imagine ce qui pourrait se passer si jamais telle ou telle situation se déclenchait … Une fois dans la salle d’eau, son regard croisa celui de plusieurs gardiens étrangement nombreux au même endroit ainsi que ceux d’autres soignants présents pour accompagner leur propre patient sans doute. Face à tous ces regards braquer sur lui, il y en a beaucoup qui aurait eu une certaine pudeur, mais Cion ne trouvait pas cela dérangeant. Après tout, tout le monde était fait pareil, c’était naturel.

Alors le jeune patient retira son haut, frissonnant de l’air froid contre son épiderme alors que ses iris entrèrent en contact avec l’un des gardiens qui semblait le regarder fixement, voire même un peu trop … Mais le blond ne s’en formalisa pas et poursuivit son effeuillage jusqu’à ce qu’il soit aussi nu qu’Adam. Pénétrant dans l’immense cabine de douche où il était seul, livré à lui et aux autres malades, il s’avança simplement vers l’une des dernières places de libre. Démarrant l’eau qui le glaça quelque peu aux premiers jets, le jeune homme essaya d’en faire abstraction et commença à éparpiller l’eau le long de sa peau, mettant la tête sous la cascade d’eau qui ruissela le long de ses mèches. "L’eau n’est pas trop froide ?" Une voix susurrante qui le sortit de ses songes et lui fit poser le regard sur cet individu. Un seul coup d’œil à son bracelet noir lui indiquait bien qu’il s’agissait de ce psychopathe dangereux dont parlaient les rumeurs …

La crainte s’empara de lui à la simple idée qu’il puisse se faire agresser et se contenta de baisser la tête, mal à l’aise, espérant que l’autre ne poursuive pas la conversation. Faire comme s’il ne l’avait pas entendu n’était peut-être pas l’idée la plus intelligente, mais la peur l’avait fait agir sur ce coup de tête. "Et si on profitait de cette douche pour discuter un peu toi et moi ?" Cette fois c’est son cœur qui se mit à s’agiter et envoyer des signaux d’alerte au blond. Faisant quelques pas sur le côté pour tenter de s’éloigner de la source de son angoisse, il s’immobilisa la seconde d’après en ressentant la colère de l’autre monter. "Je serais toi je n’essayerais pas de fuir, c’est malpolie de refuser une conversation …" Prit au piège face à la menace, Cion tenta un regard désespérer autour de lui pour voir que peu à peu les patients se dépêchaient de finir pour partir le plus vite possible. Malheureusement il n’y avait aucun gardien ni la moindre infirmière pour s’assurer de leur sécurité … Et s’il en venait à crever à cause de ce manque de vigilance ? Finalement la meilleure solution qui s’offrait à lui était d’obtempérer pour ne pas énervé le psychopathe près de lui.

« De quoi veux-tu qu’on parle ? » Accepta finalement Cion qui attrapa le savon en face de lui mais sans pour autant oser regarder l’autre en face. « Je suis désolé, je ne voulais pas te mettre en colère. » Essayer de faire retomber la tension était peut-être ce qui le maintiendrait calme, Cion voulait éviter un drame et tant qu’à faire ne pas être le prochain de la liste du tueur en série …

La réflexion sur la température de la douche était bien entendu une simple façon d’engager la conversation, ou plutôt de faire comprendre à son interlocuteur qu’il allait devoir jouer le jeu s’il ne voulait pas risquer de le mettre dans un état que pourrait regretter le plus jeune… Haku est rarement agressif, il fait les choses dans le calme, même si ses pratiques sont à glacer le sang, c’est toujours avec froideur qu’il commet des actes effrayant. Tel un animal tapis dans l’ombre, il attend que sa proie s’approche de lui pour bondir. On pourrait penser que parce qu’il est atteint mentalement, il n’avait aucune forme d’intelligence… Mais au contraire, il avait développé des instincts que la plupart des personnes normales n’avaient pas, et en cela il était bien plus dangereux que ceux qui se font remarquer au sein des bracelets noirs. Sauvage sous sa forme la plus tranquille, ses intentions sont imperceptibles, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec lui. Et il avait bien l’impression que sa réputation était connue de tous à en voir la réaction effrayée de sa proie. Il avait un plan bien spécifique en tête et il ne comptait pas perdre l’occasion de s’amuser un peu. Lui qui était sur souvent en cellule d’isolement, autant profiter du peu de temps qu’il avait au milieu des autres.

Il ne manqua pas la tentative d’esquive de l’autre patient, mettant plus d’intonation sur ses paroles qui suivirent pour forcer l’attention de la part du plus jeune. Tentative d’intimidation qui sembla fonctionner à la perfection… “De quoi veux-tu qu’on parle ?” Tiens, il n’était plus muet ? Les langues ont tendance à vite se délier lorsqu’on fait pression de la bonne manière… Bien qu’aucune expression ne soit visible sur le visage du bracelet noir, intérieurement il souriait. Amusé par l’effet qu’il était parvenu à créer, il laissa l’ambiance s’alourdir davantage en laissant simplement le silence répondre à cette question hésitante de Cion. Ce qui le faisait jubiler le plus était sans doute le fait que l’autre patient avait le regard fuyant. Pourtant ce n’est pas faute d’essayer de planter ses yeux dans les siens. Mais à chaque fois qu’un contact allait s’établir, le plus jeune détournait immédiatement les yeux. “Je suis désolé, je ne voulais pas te mettre en colère.”

« Oh mais si tu m’avais réellement mis en colère, tu le saurais déjà… » Une phrase glaçante qu’il laissa le temps de digérer à l’autre garçon. Posant un de ses avants-bras sur la paroi de carrelage de la douche afin de s’imposer un peu plus à la vision de Cion et le piéger pour qu’il le regarde, il pencha légèrement la tête. « Pourquoi tu ne me regardes pas dans les yeux ? » Questionna faussement innocemment le brun. « Je te fais peur ? »

Il le savait, mais il voulait l’entendre de sa bouche. Il se sentait flatter de ce genre de remarque, pour lui ça avait tout d’un compliment. Haku prit une minute pour jeter un coup d’œil circulaire autour d’eux et voir qu’ils étaient seuls dans la douche et que les gardiens et infirmiers avaient l’attention focalisée sur autre chose. Ils étaient à l’abri des regards, Cion était livré à lui-même et Haku se réjouissait déjà de savoir ce qu’il comptait faire à présent… Un frisson le parcourut à l’idée de pouvoir jouer un peu avec sa nourriture avant de la consommer… Ce qu’il allait lui faire ? Il n’avait pas encore de dessein précis, ce sont des choses qui viennent au fur et à mesure… Telle une bête, il agissait sur le moment à l’instinct. Voyant que l’autre n’était décidément pas résolu à nouer le lien plus que ça, le plus âgé lui prit violemment la savonnette des mains avec laquelle Cion se lavait un peu plus tôt. La faisant glisser dans sa main avec un regard malsain quand il croisa enfin ses yeux.

« Tu veux que je t’aide pour le dos peut-être ? C’est une zone difficile à atteindre tout seul… » Proposa-t-il d’une manière qui aurait pu paraître bienveillante mais qui avait en réalité une tout autre signification… Le plus grand resta silencieux pour laisser à Cion le temps de répondre, selon ce qu’il comptait dire, il allait en subir les conséquences...

La vérité c’est que Cion était mort de trouille… Il pourrait lui arriver n’importe quoi… Et s’il avait été rassuré au début de pouvoir compter sur les gardiens ou les autres patients en cas de problèmes, ces derniers c’étaient fait la malle en un rien de temps… Pour ce qui est des gardiens, ils étaient bien plus occupés à taper la causette aux infirmières présentent plutôt que de surveiller que tout se passe bien… Mais si l’autre patient portait un bracelet noir, ce n’était pas par hasard. Il devait être un résident permanent de la cellule d’isolement et il y avait bien une raison à cela. Alors pourquoi ne pas faire plus attention ? Cion était tellement dans un état d’angoisse intense qu’il n’avait qu’une idée en tête comme recours, planter ses crocs sur son bras… Sa maladie avait tendance à s’aggraver de manière inquiétante quand il était en situation de stress et Haku était vraiment doué pour instaurer ce climat d’épouvante par sa simple présence… Ou alors c’est lui qui se montait la tête pour rien et en vérité son interlocuteur ne lui voulait pas de mal ? Peu de chance… Rien que le fait de sentir son regard sur lui, lui donnait des frissons…

Mais le plus jeune joua le jeu, il n’avait pas envie de finir éventré en plein milieu des douches, même si cela pouvait éviter ce genre de situation pour d’autre à l’avenir, car Haku se ferait coincer, c’est certain, il ne voulait pas être l’exemple de cinq minutes d’inattention de la part du personnel de l’asile… Alors il engagea le dialogue, s’excusa même d’avoir pu le mettre en colère si c’était le cas, mais sans jamais croiser les iris de l’autre patient. Rien que d’y penser lui glaçait le sang… “Oh mais si tu m’avais réellement mis en colère, tu le saurais déjà…” Son regard s’écarquilla machinalement de peur un court instant à la suite de cette remarque qui n’avait rien de rassurant… Il déglutit avec difficulté faisant couler sa pomme d’Adam dans sa gorge accompagner du bruit de déglutition laborieuse, mais il ne parla pas… Rien que le fait de faire un seul mouvement à ce stade pouvait lui apporter les foudres de l’animal à sa droite… “Pourquoi tu ne me regardes pas dans les yeux ?” Un frisson d’effroi vint secouer ses épaules alors qu’il tentait d’inspirer un grand coup pour calmer les battements frénétiques de son cœur contre sa poitrine… “Je te fais peur ?”

Si sa tête faisait de légers mouvements positif, il s’efforça d’arrêter cela en espérant que cela passe pour de simples tremblements. Il jouait avec lui, c’était évident, mais la solution pour se tirer de là n’était pas si évidente… Il pourrait le froisser en disant la vérité comme en mentant ou en restant silencieux. Quoi qu’il fasse il était acculé, il ne pouvait rien faire pour se sortir de cette situation. Ses sens étant plus développés, faute de la pression qu’il sentait sur lui, il put remarquer du coin de l’œil que son interlocuteur scrutait les alentours, comme pour être sûr qu’il allait pouvoir faire ce qu’il voulait de lui… C’était mauvais signe ça… Le fait de le sentir se pencher pour capter son attention prouvait qu’ils étaient seuls et loin de toute forme de surveillance… C’est son mouvement particulièrement vif qui le fit sursauter alors qu’il suivait des yeux le savon étant un peu plus tôt dans ses mains pour se retrouver à tournoyer dans l’une des mains de son potentiel agresseur. Il finit par plonger ses yeux dans les siens, pétrifier par son regard comme s’il venait de planter ses iris dans celle de la gorgone en personne… “Tu veux que je t’aide pour le dos peut-être ? C’est une zone difficile à atteindre tout seul…”

« Oh c’est gentil de proposer, mais ça devrait aller ! » Dit-il machinalement en essayant d’avoir l’air le plus amical possible. Malgré l’effroi qui le rongeait de l’intérieur, il s’efforçait à lui sourire, gardant cette aura amicale malgré l’accueil glacial qu’il avait en face. Il se dit simplement qu’il essayait peut-être de sociabiliser ? Après tout, il restait sans cesse en cellule et ne croisait jamais personne pendant de longues période… « Mais si tu veux, je peux t’aider… Si tu as besoin… » Peut-être qu’il avait mal interprété son intention et que ce n’était pas un effet miroir qu’il recherchait, ou peut-être même qu’il venait salement de se mettre dans une merde noire…

Les palpitations de son cœur étaient perceptibles de là, comme un animal étudiant sa proie sous tous les angles, même les plus dissimulés… Cion faisait partie de ce genre de petites victimes facilement manipulable avec lesquels le brun adorait s’amuser. Bien que du challenge puisse lui plaire parfois, il ne disait jamais non à un jouet plus dangereux, voir plus puissant que lui. Il n’avait pas cette peur que pouvait ressentir la plupart des gens normaux, comme si les émotions ne pouvaient pas l’atteindre. Cela dit, il devait bien avouer que les réactions de l’autre patient était drôle à observer… Plus il le faisait monter dans les BPM, plus ça l’amusait. Mais même en mettant le doigt sur le problème et en lui faisant remarquer qu’il n’avait pas regardé son visage à un seul moment, cela ne suffit pas à convaincre le plus jeune de faire plus d’effort… Il continuait de rester silencieux malgré tout, se contentant de laisser les réflexes naturelles prendre le dessus concernant son effroi sur le moment. Haku avait une vision très observatrice, beaucoup plus qu’active même, c’est ce qui lui permettait d’établir un plan dans sa tête afin de ne jamais faire face à un échec quand il se lance dans sa chasse.

Il était temps de le faire se bouger un peu et le mouvement brusque qu’il eut en récupérant le savon eut l’air de porter ses fruits puisque leur regard se croisèrent enfin… Il était terrorisé… Ses yeux étaient criants de vérité, percevant encore plus la moindre de ses faiblesses… L’autre eut l’air de le remarquer puisqu’il opta pour une autre tactique. Suite à la question du plus grand, sa réponse était immédiate et remplis d’un élan de bienveillance qui hérissait les poils d’Haku d’horreur… “Oh c’est gentil de proposer, mais ça devrait aller !” Déjà qu’il ne supportait pas qu’on le prenne pour un con, l’autre avait fait l’erreur de le recaler suite à sa demande qui n’avait rien d’une question mais plus d’une forme d’ordre… “Mais si tu veux, je peux t’aider… Si tu as besoin…” Plus il parlait, plus il s’enfonçait… Il n’avait pas bien l’air de comprendre comment il fallait agir avec lui… Son regard se fit plus froid, plus dure, ses sourcils eurent un léger froncement pendant un quart de seconde faisant clairement comprendre à son interlocuteur que c’est l’orage qu’il venait de déclencher avec cette proposition. Resserrant le savon dans sa main, il le laissa glisser pour retomber entre eux. Il n’avait pas lâché les yeux de Cion pendant tout ce temps, penchant un peu plus la tête d’un air menaçant.

« Ramasse. » Ordonna-t-il avec bien plus d’autorité dans la voix. Il avait voulu jouer au plus malin ? Ou simplement essayer d’être gentil pour fuir sa situation, il allait en payer les conséquences.

Il n’ajouta rien de plus, se contentant de le scruter de son regard inquiétant afin qu’il s’exécute. Il n’avait pas le choix et s’il ne le faisait pas il allait passer un sale quart d’heure… Heureusement l’angoisse de l’autre patient prit le dessus et il obéit sans jouer les rebelles… Alors qu’il se baissait pour rejoindre le savon au sol, le brun ne le quitta pas des yeux. Il attendit avec patience qu’il finisse par tendre la main et avant même qu’il n’ait pu atteindre l’objet, le plus grand lui attrapa avec violence les cheveux, les serrant de plus en plus pour l’empêcher de se débattre. C’est quand il obtint son immobilité qu’il le força à lever le visage pour planter ses orbes sinistres dans les siennes. Il lui adressa un sourire en coin à glacer le sang qui n’annonçait rien de bon…

« Tu es si naïf… Tu ne sais pas ce qui peut arriver dans ce genre de situation ? » Oh bien sûr, le mythe de la savonnette dans les douches n’était pas qu’une légende… « Maintenant si tu veux espérer finir de te laver et retourner dans ta chambre en un seul morceau, je te conseillerais de faire le bon choix… » Il ne lui donnerait pas plus d’indications, de toute façon le blond était désormais pris au piège…

Il s’était laissé avoir par le mouvement furtif de son interlocuteur qui était bien entendu une technique pour le forcer à planter les yeux dans les siens… Mais il sentait que s’il ne le faisait pas il allait réellement s’attirer des ennuis… Pas qu’il n’était pas déjà dans la merde jusqu’au cou, mais il avait au fond de lui encore un minuscule espoir de pouvoir s’en sortir sans trop de séquelles… Il y avait tant de choses qui tournaient en rond dans sa tête, luttant avec son esprit pour trouver une solution qui pourrait le tirer de cette situation de plus en plus périlleuse… Il eut sans doute la pire idée de toute son existence en jouant la carte de la gentillesse et de la compréhension. Si pour beaucoup c’était plutôt positif et flatteur, il aurait dû se douter que pour une personne aussi sombre qu’Haku il allait forcément mal le prendre… Mais le temps qu’il le réalise il était déjà trop tard… Cion put lire l’orage dans ses yeux, ses expressions devenir plus terrible encore et ses traits se tendre, signe qu’il venait d’éveiller le côté bestial de l’autre patient… Tout ce qu’il avait cherché à éviter depuis le début, il sautait dedans les deux pieds joint…

Le plus jeune suivit du regard ce savon qui glissa des mains de son vis-à-vis pour déraper jusqu’aux pieds d’Haku… S’il se rappelle des séries qu’il a regardés ou des livres qu’il a lus sur les prisonniers ou les hommes qui ont une telle intimité dans les douches, il pensait déjà entrevoir ce qui allait se produire d’ici peu de temps… Non, il n’était pas aussi naïf qu’il en avait l’air, au contraire… Il savait déjà ce qui l’attendait avant même que ça ne se produise. Fixant ce savon comme s’il avait soudain des pouvoirs sortis de nulle part et que par télépathie il pouvait le récupérer, il resta immobile en espérant ne pas avoir à se baisser pour le ramasser. Malheureusement, ce n’est pas ce qu’avait prévu son camarade de douche… “Ramasse.” Il savait que ça n’avait rien d’une invitation affectueuse, par le ton de sa voix qui était devenu plus dur et sa voix plus appuyée. Il osa un coup d’œil en direction de son visage mais se ravisa bien vite en voyant la façon dont il était en train de l’épier… Il mit un certain moment à agir et il sentait que chaque seconde d’immobilité de sa part énervait toujours plus l’homme en face.

Se résignant à essayer d’entamer le dialogue là où il n’avait pas voulu l’alimenter quelques secondes plus tard, il s’exécuta en pliant ses genoux en premier avec une certaine lenteur. Une prudence extrême comme s’il était devant un animal particulièrement dangereux qui pourrait le bouffer au moindre mouvement brusque. Il se baissa en essayant d’ignorer la partie du corps devant laquelle il était en train de passer… Prenant une inspiration pour s’encourager, il finit par s’accroupir en atteignant le sol après une durée qui lui a semblé interminable. Il tendit la main doucement en direction du savon et alors qu’il le frôlait du doigt, la poigne d’Haku dans ses cheveux le fit paniquer, tentant par instinct de survie de s’éloigner, de lui faire lâcher prise sans pour autant se dégager avec violence, sachant qu’en plus de se faire mal il allait encore plus enrager la bête sauvage… Il se résigna à ne plus bouger pour faire cesser la douleur qui lui envoyait des décharges électriques désagréable dans tout le crâne… Malgré la paralysie totale de son corps, son cœur à lui seul créait des vibrations dans l’intégralité de son organisme tant il pulsait à une allure indécente… Il se contenta d’obéir aux bons vouloirs de l’autre patient, forcé de relever le visage pour ne pas que ses cheveux tirent davantage au point de lui faire mal, plantant ses iris dans les siennes.

“Tu es si naïf… Tu ne sais pas ce qui peut arriver dans ce genre de situation ?” Oh si, malheureusement il le savait ce qui se passait ensuite dans ce genre de film… Mais là les choses étaient différentes, son partenaire lui faisait tellement peur qu’il était difficile pour lui de trouver la scène érotique… “Maintenant si tu veux espérer finir de te laver et retourner dans ta chambre en un seul morceau, je te conseillerais de faire le bon choix…” Son cœur manqua un battement alors que ses yeux s’écarquillèrent soudainement… Pourtant ce n’est pas comme s’il ne s’attendait pas à cette possibilité, il trouvait ça même logique par rapport à la position qu’il abordait à présent… Pourtant, Cion fit l’erreur de jeter un œil autour de lui, cherchant une potentielle aide de la part d’un observateur qui pourrait lui sauver la mise. Mais personne ne regardait par ici… Il était seul, livré à lui-même et forcé d’obtempérer s’il ne voulait pas finir en morceaux… Il réorienta ses yeux vers ceux d’Haku puis les baissa sur son entrejambe.

« Je suppose que tu… » Mais la poigne dans ses cheveux le fit se couper immédiatement avant qu’il ne se ravise. « D’accord, d’accord, c’est compris… » Dit-il pour calmer la situation alors qu’il commence par prendre son membre dans l’une de ses mains. Se mettant à genoux dans la douche pour le pas perdre l’équilibre, il rapprocha lentement ses lèvres. C’est alors que lui vint une idée qui pourrait leur convenir à tous les deux, en espérant que cela suffise à Haku et qu’il accepte cet entre-deux…

D’un geste emplit de courage il attrapa le savon de sa main libre pour le mettre sous le jet d’eau et le faire mousser par des mouvements rotatifs dans sa main. Une fois satisfait de la consistance glissante de l’objet, il vint le faire glisser le long du membre de son partenaire. Resserrant le savon et son entrejambe dans sa main, il essaya de jouer sur l’effet de massage de l’objet solide mais huileux de l’objet pour décupler ses sensations. Un regard vers le haut pour analyser ses expressions et voir s’il était sur la bonne voie. Il exerça une pression plus appuyée en l’encerclant de ses deux mains et tout en faisant glisser le savon, il prit son temps pour faire grimper son excitation, réellement désireux de lui donner ce qu’il attendait pour avoir toutes ses chances de repartir sans blessure de cette douche qui s’avérait plus dangereuse qu’il l’aurait pensé…