Si on faisait un chat ? | Ft. Shohei Song
Kingdom of madness :: Alentours du sanatorium :: Cour extérieure

Une nouvelle journée qui éclairait faiblement les couloirs du Sanatorium ce matin. Toujours cette routine qui s’installe avec le réveil suivit de la prise de médicaments obligatoire et la visite de deux à trois médecins pour savoir si le patient avait le droit de sortir de sa chambre pour vagabonder dans les couloirs. Aki avait passé tous ces tests haut la main comme d’habitude, en même temps il n’y avait rien à craindre de lui, il était doux comme un agneau quand IL ne reprenait pas le dessus … Cette nuit la chose n’avait pas agis, il l’avait laissé tranquille, étrangement il avait même passé une soirée assez paisible sans se réveiller une seule fois. Est-ce que cela présageait une journée ensoleillée ou simplement le calme avant une tempête qui se prépare ? Ce qui était terrible c’est qu’on ne savait pas du tout à quoi s’attendre ici, tout était laissé au jeu du hasard sans qu’on puisse avoir son mot à dire ou son tour à jouer, tout était décidé par le destin ou les âmes en peine qui dominent les lieux. Est-ce qu’il s’agissait d’une légende ou de la pure vérité ?

Honnêtement en plusieurs années le jeune patient en a vu des scènes se jouer, un véritable théâtre de l’horreur. A tel point qu’il est impossible de dire que tout cela n’est que pure coïncidence. Parfois il se demandait si sa maladie en était réellement une, puisqu’on dit souvent que c’est dans un asile qu’on devient fou si on ne l’est pas et étant donné certains traitement Aki ne serait pas étonné. Mais si en plus on rajoute des esprits malveillants et des démons à la recette on obtient quelque chose de bien détraqué et malsain. Au fond de lui Aki est sûr que ce monstre n’est pas que le fruit de son imagination, il existe vraiment, il en a le cœur net … Mais comment clamer son innocence et sa stabilité d’esprit quand on a les mains et pieds liés ? Depuis sept ans qu’il est ici de toute manière, le blond à pics a déjà perdu espoir de sortir un jour. Il se rappelle encore la promesse qu’on lui avait faite de lui ouvrir les portes vers la liberté il y a de cela déjà un paquet d’années, mais il connaît déjà son destin, ce sera de mourir ici et rejoindre les nombreuses entités qui arpentent les couloirs.

Pour ne pas se morfondre et plonger dans une dépression qu’il ne connait que trop bien, il préfère se balader un peu dans les couloirs maintenant qu’il a sa permission pour le faire. Rester à sa fenêtre toute la journée à contempler la vie dehors ne l’aiderait pas à retrouver le sourire. Pourtant quand il voit les oiseaux voler au loin et s’amuser il a envie de les rejoindre, l’oisillon qui apprend à voler et dont le nid se trouve juste en face de sa fenêtre est une source de joie pour lui, mais le jour où lui aussi quittera le nid pour d’autres horizons, il sera de nouveau laisser à sa solitude et sa tristesse parce que lui ne pourra jamais partir. Prisonnier non pas que par les barreaux de sa fenêtre et les barbelés menaçant de la cours, il est enchaîner à sa condition de fou, enchaîner par toutes ces personnes qui ne veulent pas lui donner la liberté qu’il appelle depuis si longtemps … Alors mieux vaut respirer l’air de dehors. La salle de jeu était une option intéressante si à cette heure de la journée elle n’était pas si morose. Beaucoup de patients préférant rester dans leur chambre elle serait certainement remplie de personnes forcés à s’y rendre ou d’infirmiers et gardiens attendant les premiers patients.

Non, lui il voulait sentir les premiers rayons du soleil contre sa peau, pouvoir profiter du grand air avant qu’on ne lui annonce une nouvelle séance de psychologue ou une thérapie barbare prévue à la dernière minute. Pour être sûr qu’on ne vienne pas l’embêter, ou du moins qu’on ne le trouve pas du premier coup, il bifurqua en direction de la cours extérieur avant de l’asile, là où il y avait très peu de passage de ces heures-ci. Lorsqu’il atteint l’extérieur son premier réflexe fut de regarder le ciel pour voir s’il ne pouvait pas apercevoir quelques rayons de soleil mais malheureusement le beau temps n’était pas au rendez-vous … Les nuages sombres qui se regroupaient peu à peu menaçaient de déverser une pluie torrentielle dans les prochaines heures … Si au moins il pouvait profiter quelque temps qu’il ne pleuve pas pour se promener c’était déjà un bon début pour cette journée.

C’est alors qu’au loin il aperçut une ombre bien connus qui raviva ses battements de cœur à une allure folle sans qu’il en ait la moindre explication. Un gigantesque sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il détaillait le gardien en plein travail. Il avait un regard vif remplis d’attention et un air des plus concentré à sa tâche. Apparemment le patient venait de tomber en plein milieu de son tour de garde, quelle chance ! Ne comprenant pas vraiment pourquoi le simple fait de le voir le rendait aussi heureux, sans doute parce que le plus grand lui a tant de fois offert réconfort et protection et parce qu’ils ont vécus pas mal de moment joyeux ensemble. Furtivement, Aki se faufila derrière le gardien et couru au dernier moment pour lui attraper le bras au passage, l’entraînant avec lui sur quelques mètres. Il s’attira un petit grognement de surprise de la part du brun mais lorsqu’ils furent enfin immobiles, Aki planta ses yeux dans ceux de son vis-à-vis avec un grand sourire.

« Tu ne m’a pas dit que tu partais pour ton tour de garde cette fois-ci ! Tu vas devoir te rattraper ! » Dit-il sur un ton faussement vexé avant d’arborer un immense sourire en plantant ses iris dans celle du plus âgé. « J’ai une idée ! Et si on jouait à chat ! On a assez d’espace pour courir ! » Enthousiaste le blond à pics toucha l’épaule du gardien et se recula de quelques pas. « C’est toi le chat ! » Dit-il avant de se courber un peu en position de départ, prêt à courir à vive allure.

Levé depuis cinq heures du matin, le gardien avait beau regarder sans cesse son téléphone cela n’allait pas ralentir le temps pour qu’il ralentisse … Il y a des jours comme ça où on se sent mieux au lit et où on a pas envie de se lever … Mais il avait un tour de garde à sept heures et il savait qu’il n’y couperait pas … Il avait déjà bien de la chance qu’on ne le mette pas de nuit, c’était sans doute les pires heures qu’il puisse y avoir. C’était soit il ne se passait rien, mais alors rien du tout et l’ennui pendant des heures de patrouilles devenait mortelle, soit tout arrivait en même temps, un patient qui s’échappe, un cas dangereux qui agresse un joliet, ou encore des sons étranges ou des évènements inexplicables. Il avait eus le droit aux deux extrêmes les fois où il travaillait de nuit mais jamais le juste milieu, à croire que ça n’existait pas dans cet enfer … Shohei n’était pas tellement quelqu’un du matin mais se mit un coup de pied au fesse pour se lever de son lit et quitter la chaleur de ses draps pour affronter le froid mordant de sa chambre.

Une douche rapide et un habillage tout aussi éclaire et le brun se retrouva déjà à marcher en silence en direction de la cours centrale du Sanatorium. Il croisa quelques autres gardiens annonçant ainsi la relève, il voyait les cantiniers préparer à manger pour les patients et le personnel tandis que certaines infirmières installaient déjà les médicaments sur des genres de caddies pour la tournée matinale. Il ne comprenait pas qu’on puisse à ce point droguer tous les patients, la plupart ressemble à des pantins sans vie après ça … Est-ce que c’était réellement leur rendre service que de faire ça ? Enfin, Shohei n’était pas là pour remettre en question le fonctionnement de l’asile, il assistait de temps en temps à des thérapies parce qu’il était aussi aide-soignant et soutenait le médecin en charge de l’opération mais jamais il ne forcerait un patient à gober ces merdes … Il n’en serait pas capable. Il avait fait des études de médecines pour sauver des vies et ça, ça ne leur rendait pas service du tout.

Le ténébreux franchit le seuil du hall pour se retrouver à l’air libre, le soleil était dissimuler par un amas de nuage gris, temps qui semble dominer les lieux la plupart du temps. Il arrivait parfois qu’il y ait quelques éclaircies et un ciel bleu mais cela était tellement rare, même en été qu’on pouvait faire la danse de la joie et prier les dieux pour ce cadeau qu’ils offrent à l’asile une fois tous les trois-cent soixante-cinq jours … Ses pas s’arrêtèrent au milieu de l’allée de gravier pour faire un regard circulaire autour de lui, personne … Pas âme qui vive à l’horizon et la brise inquiétante qui soulevait les rares feuilles parsemer au sol lui décrocha un frisson. En levant la tête il croisa le regard d’un des soldats du haut de sa tour de garde. Armés jusqu’aux dents ces hommes étaient là pour la sécurité mais ce n’est pas en déballant tout le matérielle de tir qu’ils allaient dissuader qui que ce soit et certainement pas un fou qui veut se faire la malle. Lui se contentait de sa matraque électrique, c’était déjà beaucoup mais en cas d’agression toujours utile.

Shohei commença son tour des jardins, du moins de ce qui devait en être et ne croisa pas la moindre personne, comme si tout ici était mort. En fin de compte même les matinées sont d’un ennui mortel … Mais le gardien resta imperturbable, accomplissant sa mission avec sérieux sans laisser le moindre détail lui échapper. Il avait beau se plaindre mais son travail était sans doute le meilleur poste qui pourrait lui garantir des réponses sur des phénomènes étranges ou des gens qu’il soupçonne fortement. Le fait qu’on ne le laisse pratiquement pas aller au sous-sol seul désormais le faisait se questionné. Lui qui recherchait la cause de la mort étrange de ses parents, il était persuadé que toutes les réponses s’y trouvaient … Il ne savait pas encore comment, mais dès qu’il peut, il irait y faire un tour … Il pourrait peut-être demander un coup de main à Yui qui y passe sa vie avec son mentor, ça pourrait lui être utile.

Les heures ont défilé tellement lentement que Shohei avait presque l’impression que le temps s’était arrêté pendant un moment. Les rondes quand il n’y a pas âme qui vive, ça avait beau lui filer le cafard. Ça se ressentait d’ailleurs à son air sérieux et plus le temps passait, plus la cours se remplissait des premiers médecins et infirmières qui traversait le sanatorium. Il était presque capable de dire qu’il était maintenant neuf heures passé étant donné l’activité qui a monté en flèche d’un coup. Son regard se perdit dans le vide, son esprit s’en alla vers son enquête intérieur et ses nombreuses questions, allant jusqu’à remettre en cause sa présence ici. Est-ce que trouver ce qui a tué ses parents était si nécessaire d’avoir quitté la Corée ? Mais de toute manière il n’avait plus personne là-bas, son grand-père était mort et plus rien ne le raccrochait à son pays d’enfance.  

Mais c’est alors que l’homme fut brusquement interrompu par une tornade blonde qui l’emmena à sa suite avant de le lâcher quelques mètres plus loin. Si par réflexe Shohei avait mis la main sur le pommeau de sa matraque, il le relâcha bien vite en reconnaissant ce petit patient avec lequel il appréciait passer du temps. Un sourire se dessina sur ses lèvres sans réellement l’avoir contrôlé, comme si c’était naturel. "Tu ne m’a pas dit que tu partais pour ton tour de garde cette fois-ci ! Tu vas devoir te rattraper !" Oh oui c’est vrai qu’il lui avait fait cette promesse la fois d’avant … Il faut vraiment qu’il arrête de trop parler avec Aki, il savait qu’il avait une bonne mémoire … "J’ai une idée ! Et si on jouait à chat ! On a assez d’espace pour courir !" Soudain le brun haussa les sourcils sous la rapidité de décision du plus jeune avant de soupirer légèrement.

« Aki … » Dit-il simplement sans avoir le temps d’ajouter quoi que ce soit d’autres puisque le patient sembla ne pas avoir compris et lui toucha l’épaule.

"C’est toi le chat !" Sa position prête à taper un sprint lui décrocha un sourire amusé alors qu’il détourna le visage et mit ses mains sur ses hanches comme pour essayer de garder le minimum de sérieux qu’il lui restait. Il ne devait pas montrer que ça le faisait rire ou qu’il entrait dans son jeu sinon c’était foutu, il ne pourrait même pas essayer de le raisonner. Un nouveau soupir franchit la barrière de ses lèvres comme pour essayer de se calmer et reposa ses yeux dans ceux du blond à pic en face toujours dans la même position, se dandinant de son pied droit à son gauche, prêt à se lancer dans la course.

« Aki, pas maintenant, je suis en service … » Lui expliqua le ténébreux. Mais en voyant la mine du patient qui se décomposait peu à peu il finit par avoir lui aussi une expression un peu déçu et se rapprocha du blond avant de croiser les bras. « Je suis désolé bonhomme, mais va falloir attendre cet après-midi si tu veux qu’on joue ensemble … » Il savait que ce n’était pas le genre d’information qui allait le ravir, mais en même temps il ne pouvait pas faire autrement, il ne voulait pas risquer sa place ici sous peine de devoir dire adieu à son ambition de retrouver le meurtrier de ses parents …